Le Taoïsme, Enseignement de la Voie

Mal connu en occident et redécouvert à la faveur des disciplines qui s’en inspirent, le taoïsme est un grand courant de pensée qui imprègne depuis l’Antiquité toute la culture chinoise. Il a donné corps à une religion ritualiste, fondée sur le culte du mythique Lao-tseu, philosophe fait dieu.

Deux termes en chinois correspondent au mot taoïsme en français : « daojia » et « daojiao », littéralement « famille de la Voie » et « enseignement de la Voie ». Le premier désigne le taoïsme philosophique associé aux livres de Lao-tseu et de Tchouang-tseu, dont l’essentiel remonte au IV ème siècle avant notre ère. Le second se réfère au taoïsme religieux qui débute comme mouvement sectaire au II ème siècle. Ce mouvement, souvent appelé « Voie des Maîtres célestes » préconisait la récitation du seul texte de Lao-tseu.

« Être et non-être viennent de l’Obscur au-delà de l’obscur »
« Vide et plein passent l’un dans l’autre »
« Défais-toi de ton tempérament fier et de tes désirs multiples »
« Ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent ne savent rien »
« Qui fait corps avec le Principe devient si haut qu’inaccessible »
« Qui excelle à activer le souffle repousse tous les maux »
« Il connaît sans apprendre, accomplit sans agir »
« Il aimait se rendre en audience auprès des esprits »
« L’Un, favorable quand approché, néfaste à qui lui tourne le dos »
« Poudre de cinabre – quintessence du Bois – se mêle au Métal pur »

Les pratiques
Les nombreuses pratiques, tant psychiques que corporelles, visent toutes à parvenir à l’Unité. Le sage qui a réussi à se fondre dans le Tao devient un immortel (hsien) et rejoint la cohorte des dieux.

La préparation spirituelle :
L’adepte taoïste doit cultiver la vertu, le te, synonyme de modestie, d’humilité, de tolérance et d’altruisme. Elle se manifeste par la poursuite du wou wei, art du non-agir, qui doit être compris comme le choix de « ne pas intervenir dans le cours naturel des choses ». Le croyant doit vider son esprit de toute notion et de toute passion, se libérer de tout lien terrestre pour se retourner à l’authenticité naturelle. « L’alchimie intérieure » (nei tan) est l’outil principal du développement spirituel du pratiquant. Forme de méditation, elle lui permet de se purifier intérieurement pour atteindre l’envol mystique. Elle utilise des techniques de rétention du souffle (qi ou tchi) afin de transformer l’organisme en un corps immortel.

La préparation physique :
Les pratiques dites « de Longue Vie » sont censées donner l’énergie nécessaire pour parvenir à l’immortalité physique. Elles sont d’ordres différents :

  • Ésotérisme (alchimie (wai tan) qui consiste à boire un élixir à base de cinabre ou de jade dans des coupes en or),
  • Alimentation (consommation d’aliments et d’herbes médicinales contenant des « énergies » pour nourrir les organes habités par des dieux mais aussi par des démons, les « Trois Vers »),
  • Gymnastique (Qi Gong ou Kong Fu, Tai Chi Tchuan, Hsing Yi Tchuan, Pa Koua Tchang),
  • Sexualité (effectuer l’acte sexuel sans éjaculation pour éviter la dispersion de l’énergie vitale),
  • Médecine (massothérapie, héliothérapie, acupuncture).

Les rites et les fêtes
Il n’existe pas de cérémonie collective. Les taoïstes viennent individuellement dans les temples faire des offrandes et brûler de l’encens, dont la fumée est censée accompagner les prières à l’adresse des dieux et des ancêtres.

La cérémonie tiao (ou tiao tchai) :
Ensemble des rites de purification, de réconciliation et d’union avec les forces supranaturelles. Accomplie annuellement ou à quelques années d’intervalle, cette cérémonie peut durer de trois à soixante jours. Elle était appelée à l’origine tchai, terme qui désigne aujourd’hui essentiellement les rites envers les morts. Le terme tiao est utilisé pour les autres types de cérémonies. Tiao et tchai sont désormais accomplis ensemble.

Il existe aussi la célébration des anniversaires des divinités ainsi que le calendrier chinois et les fêtes…

Les textes fondamentaux

Le Dao De Jing (Tao-tö King)
Le « Livre de la Voie et de la Vertu » attribué à Lao-tseu enseigne la conduite à tenir pour vivre en harmonie avec le Tao. Le livre comprend quatre-vingt-un courts versets ou chapitres sous forme d’aphorismes et d’images poétiques. Les premiers chapitres donnent la définition du Tao et les derniers celle du « te » (la vertu du Tao). Les taoïstes doivent le connaître par coeur.

Le Tchouang-tseu
Son nom lui provient de son auteur présumé, Tchouang-tseu, qui vécut au IV ème s. av. J.-C. S’y trouve exposé le principe de la transformation des êtres. Il se présente sous forme de paraboles et d’allégories.

Le Lie-tseu
Le « Vrai classique du Vide parfait », attribué à Lie-tseu, présente des compilations sur le vide et la cosmologie.

Le Tao-tsang
Le canon taoïste est un immense recueil de textes sur les connaissances et les pratiques taoïstes, assemblés à partir de 745 apr. J.-C. Il aborde le sujet des sacrifices, des temples, de l’exorcisme, de la divination, de la géomancie et des pratiques de la Longue Vie. Il est divisé en sept sections : trois principales, les « grottes » (tong), et quatre complémentaires (fou). Chacun des tong s’est constitué autour d’un texte ou d’un groupe de textes révélés. Le Dao De Jing (Tao-tö King) et le Taiping Tsing (« Livre de la Grande Paix », I er ou II ème siècle, texte sacré des Maitres célestes) sont ainsi à l’origine d’un fou.

Chronologie
Événements
v. – 1800 – 1100 (dynastie Shang)
Chamanisme primitif
v. – 1100 – 221 (dynastie Zhou)
Prémices de la pensée taoïste. Premières pratiques gymniques,
incantations, exorcistes.
– 570 – 490
Vie mythique de Lao-tseu
– 551 – 479
Vie de Confucius
IV ème siècle Vie de Tchouang-tseu. Rédaction présumée du Dao De Jing
(Tao-tö King) et du Tchouang-tseu
– 221 – 207 (dynastie Qin)

– 206 – 220 ap. J.-C. (dynastie Han)

Déclin relatif de la pensée taoïste
0 Début de l’ère chrétienne
100 / 200 Fondation de l’école Huang-Lao : divinisation de Lao-tseu et
de l’Empereur jaune.

Rédaction du Taiping Jin, livre sacré des Maîtres célestes

142 Fondation de l’école des Cinq Boisseaux de riz (Wou tou mi
tao)
184 Révolte des Turbans jaunes (Taiping Tao)
265 – 420 (dynastie Jin) Courant Shangqing
618 – 906 (dynastie Tang) Apogée du taoïsme en Chine et apparition du courant
alchimique Neidan
745 Compilation du canon taoïste, le Tao-tsang
1279 – 1368 (dynastie Yuan)

v. 1300

Fondation des courants Quanzhen Dao et Tcheng yi
1368 – 1644 (dynastie Ming)

v. 1590

Période de déclin du taoïsme

Le taoïsme pénètre à Taiwan

1644 – 1911 (dynastie Qing)

1851 – 1864

Révolte des Taiping et destruction de temples taoïstes
1949 Proclamation de la République populaire de Chine
1950 Le 23 ème Maître céleste se réfugie à Taiwan
1957 Fondation de l’association taoïste chinoise
1966 – 1976 Révolution culturelle chinoise

Le taoïsme en Asie. Cliquez sur l’image pour l’agrandir…