Le Temps du Dragon

Le dragon, symbole de l’empereur en Chine, est associé au printemps. La puissance émergente de la terre s’élevant dans le ciel : Les temps Yin faisant place aux temps Yang naissants. C’est lui qui va répandre les pluies bienfaisantes, car contrairement à son “cousin” celte, il ne crache pas du feu, mais de l’eau. Et quand il y a pluie, il y fécondation de la terre.

Lui, le maître des eaux, le créateur des nuages, n’aime pas qu’on lui oppose résistance. A tel point que dans l’histoire du “Voyage en Occident”, le dragon est jaloux d’un taoïste qui prédit le temps sans erreur. Décidant de prendre apparence humaine, il va lui demander d’annoncer quand tomberont les prochaines pluies afin qu’il fasse pleuvoir à un autre moment pour démontrer les limites du taoïste. Mais l’empereur du Ciel ordonna au dragon de faire pleuvoir à l’heure annoncée par le taoïste. Malgré les recommandations, le dragon refusa et désobéit. Il fût condamné à être exécuté ! Le fût-il ou pas, c’est une autre histoire…

Associé à la montagne (les neuf montagnes au nord de Hong Kong sont appelées Kowloon — neuf dragons en cantonnais —), le dragon symbolise “l’obstacle et la puissance que représentent les reliefs dans la circulation des courants d’énergie terrestre, qui, comparables à l’électricité, ne se voient pas mais dont on ressent les effets.” (Jacques Pimpaneau in Dragons et Merveilles, éd. Picquier – hors commerce).

Symbole du renouvellement cyclique, et fécondateur, il est donc l’animal de l’énergie Bois. Cette énergie est associé au vent : tiède et doux, qui sème pollens et graines. Vent changeant, capricieux, composé de brusques apparitions et disparitions tout aussi surprenantes. Le tonnerre est aussi représentation du printemps. Nommé “l’éveilleur”, il est prompt à réveiller la nature en dormance. Coups de tonnerre, changements brusques d’états…

Du côté des émotions, c’est la colère qui s’exprime à travers cette énergie. Et l’organe en relation est le Foie avec son entraille, la vésicule biliaire. Le Foie est appelé “Général des Armées”. Un général qui, avec douceur sans jamais ni être belliqueux, ni faire la guerre, règle les circulations de l’énergie et du sang et assure l’équilibre de ces flux ; un général qui donne la stratégie et planifie, mais qui prend ses décisions du jugement impartial de la vésicule biliaire.

Dans ces coups de tonnerres printaniers, ces variations brusques et parfois imprévisibles viennent perturber l’harmonie. Si le général ne peut plus réguler correctement, il s’en suivra certaines de ces manifestations : irritabilité, colères faciles, impatience, frustrations, anxiétés démesurées… inadéquation entre le monde extérieur et la paix de l’univers intérieur. Dans le Nei Jing Su Wen, il est dit : « les déséquilibres de l’énergie du Foie se manifestent par des spasmes, des larmes, de l’agitation, des cris, dominés par l’émotion de la colère ». L’élément Bois a comme orifice l’œil, et comme sens la vue. Les tissus en sont les muscles et les tendons et le secteur, les ongles.

Un général est efficace quand il n’est pas… aveuglé par la colère. Il est efficace quand il est lucide, quand il voit clair pour pouvoir appliquer les stratégies qui dispenseront harmonieusement les flux dont il est responsable.