Pendant les travaux quotidiens et les pratiques thérapeutiques, il pouvait arriver que des piqûres causent des saignements. A cette occasion on a remarqué qu’un saignement pouvait soulager certaines maladies. Ainsi la méthode thérapeutique de la saignée par la piqûre a été créée – c’était la première connaissance concernant le sang et on a progressivement découvert que les canaux visibles à la surface du corps étaient les voies de la circulation du sang.
Ces « canaux » étaient appelés « mai », ce qui signifie « les voies par lesquelles le sang circule dans tout le corps », donc « les vaisseaux ». Le caractère » qi » était écrit au début par trois petits traits ondulants, qui allaient du coin supérieur gauche vers le coin inférieur droit. A l’origine, ces trois traits étaient le symbole des nuages. Nos ancêtres ont emprunté ce symbole pour désigner le qi, parce que le qi est » insaisissable comme les nuages « . Les anciens considéraient le qi et le sang comme deux phénomènes physiologiques du même genre et les associaient souvent. Donc les voies dans lesquelles ils percevaient la circulation du qi au moment de la piqûre étaient aussi appelées » mai, vaisseaux « .
Les termes de » méridiens, jing » et de » collatéraux, luo » sont apparu après ceux de » vaisseaux ligamentaires, jin mai » et de » vaisseaux sanguins, xue mai « . Après la découverte de plus en plus de » vaisseaux ligamentaires » et de » vaisseaux sanguins « , les anciens sentaient la nécessité de les distinguer les uns des autres suivant leurs caractéristiques et de leur donner des noms différents. Ainsi, on a emprunté le terme » jing » dont la signification originale était » labourer un champ dans le sens nord-sud » pour décrire » les vaisseaux troncs qui vont dans le sens vertical du corps » et le terme » luo » dont la signification originale était » lier des fils ensemble pour former un filet » pour décrire » les vaisseaux branches qui font la liaison entre les vaisseaux troncs « . On avait donc d’abord les deux termes jing et luo séparés.
Suivant les connaissances actuelles, la combinaison » jingluo » en tant que terme combiné, a apparu pour la première fois dans le chapitre Kou Wen, Connaissances transmises par les paroles, de Ling Shu, le Pivot Spirituel, un des deux volumes du Nei Jing, Le Classique Interne, où il est dit que « quand les jing et les luo (ou jingluo) s’épuisent, les voies des vaisseaux sont obstruées ». Cela signifie que quand le qi qui circule dans les méridiens et les luo s’épuise, ceux-ci sont obstrués en tant que voies de la circulation du qi et du sang. Ici, les jing (méridiens) et les luo (collatéraux) étaient mentionnés pour la première fois comme un ensemble et on distingue clairement une séparation entre jingluo (méridiens et collatéraux) et mai (vaisseaux) au point de vue de la terminologie.
Pendant leur pratique médicale, les anciens ont découvert de plus en plus d’endroits fixes à la surface du corps, qui avaient certains effets sur certaines maladies, ainsi que des liens entre ces endroits fixes. La connaissance du corps s’enrichissait progressivement – on peut considérer qu’on arrivait ainsi à une forme d’anatomie primitive. Quand cette connaissance avait atteint un certain niveau, il se formait naturellement le besoin et la nécessité de classer les différents méridiens et les collatéraux en leur donnant des noms spécifiques. Comme le Nei Jing, Le Classique Interne, a été écrit par différentes personnes à différentes époques, on distingue clairement l’évolution de cette classification, ainsi que l’apparition des différents termes relatifs aux méridiens et aux luo. Il est dit dans Ling Shu, Pivot Spirituel au chapitre Jing Shui, Les cours d’eau, que « parmi les douze méridiens, il y en a qui ont beaucoup de sang et peu de qi, ou peu de sang et beaucoup de qi, ou beaucoup de qi et beaucoup de sang, ou peu de qi et peu de sang … ». Ici, on constate qu’il existe déjà la notion des douze méridiens.
Sous l’influence de la théorie de yin yang et des cinq phases, les anciens ont divisé les méridiens et les collatéraux en deux groupes : les méridiens yin (yin jing) et les méridiens yang (yang jing), les collatéraux yin (yin luo) et les collatéraux yang (yang luo) ; suivant l’état du qi et du sang des méridiens, ils les ont divisés en méridiens vides (xu jing) et méridiens prospères (sheng jing) ; suivant la longueur et la grosseur des collatéraux, ils les ont divisés en grands collatéraux (da luo), petits collatéraux (xiao luo), collatéraux superficiels (fu luo), etc ; suivant la localisation de leurs parcours, ils les ont divisés en méridiens du pied (zu jing), méridiens du bras (bi jing),vaisseaux de l’oreille (er mai) , vaisseaux de l’épaule (jian mai), vaisseaux des dents (chi mai), vaisseaux de la main (shou mai), etc. C’était la première classification des méridiens et des collatéraux suivant leurs caractéristiques. Dans le chapitre Jing Mai, Méridiens et vaisseaux, de Ling Shu, Le Pivot spirituel, la classification de méridiens était déjà très précise et on y voit apparaître les termes « les douze méridiens yin et yang de la main et du pied ».