Histoire du calendrier chinois

Comme les Chaldéo-Assyriens, les Égyptiens et les Hindous, les Chinois sont un peuple dont la première civilisation remonte à une très haute antiquité.

Ils prétendent avoir connu et employé le gnomon dès le XXVe siècle avant Jésus-Christ.
Dans le Chou-King de Confucius, on lit que  » Yao ordonna aux ministres Hi et Ho d’observer le ciel et de suivre exactement les mouvements des astres, du soleil et de la lune, afin de faire connaître au peuple les temps et les saisons par la rédaction d’un calendrier « .

L’époque de Yao remonte à plus de 4500 ans.
Les Chinois, les Japonais et les Siamois connurent d’abord l’année lunaire formée de douze lunaisons alternativement de 29 et 30 jours, auxquelles ils ajoutaient, de temps en temps, une treizième lunaison, pour égaler l’année solaire.

La nécessité des calculs pour faire l’intercalation amena les anciens Chinois à découvrir le même cycle dressé plus tard en Grèce par Méton.

L’intercalation avait lieu, dans le cycle de 19 ans, les années 3, 6, 9, 11, 17 et 19.

Les Chinois fêtaient les jours de nouvelle et de pleine lune.Dans la résidence de l’empereur existait un palais carré entouré de douze salles consacrées aux douze lunaisons ordinaires. A chaque nouvelle lune, le monarque se rendait à la salle respective de cette lune offrir un sacrifice. Lorsqu’il s’agissait de la lunaison intercalaire, c’est-à-dire de la treizième, la cérémonie se célébrait selon un rite spécial. Elle avait lieu entre les portes qui font communiquer la salle attribuée à la lunaison achevée avec la suivante.

Le peuple chinois compte pour premier mois de l’année celui pendant lequel le soleil entre dans le signe des Poissons, pour second celui du Sagittaire.Lorsqu’il arrive que, pendant un mois entier, le soleil n’entre dans aucun des signes zodiacaux, ce mois est compté pour intercalaire et il prend le nom du mois d’avant précédé de shun.Les noms des mois ne sont pas partout les mêmes. On leur donne parfois les désignations de Meng, premier,Tschusng, milieu, Ki, dernier, Tschun, printemps, Rja, été, Tsin, automne, Tung, hiver, et on forme les autres noms de deux mots, comme Meng-Tschun, premier après le printemps, etc.

Une autre dénomination consiste à leur donner le même nom que les années du cycle de 60 ans qui commencent avec l’un d’eux.

Enfin une troisième appellation est dérivée de la division de l’année en 24 mois, chacun correspondant au temps que met le soleil à aller du commencement au milieu, puis du milieu à la fin de chaque signe zodiacal. Suit la liste de ces 24 mois :

1 Tong-tchi, dernier terme de l’hiver
2 Siao-han, petit froid
3 Ta-han, grand froid
4 Li-tchun, commencement du printemps
5 Fu-choug, eaux et pluies
6 King-che, crainte que causent les insectes
7 Tchun-feu, division du printemps
8 Tsing-ming, pure clarté
9 Kou-yu, pluies pour les semences
10 Li-hia, commencement de l’été
11 Siao-man, abondance et plénitude
12 Mang-tchong, semence du froment et du riz
13 Hia-tchi, dernier terme de l’été
14 Siao-chon, petite chaleur
15 Ta-chon, grande chaleur
16 Li-tsin, commencement de l’automne
17 Tchon-chon, la chaleur cesse
18 Pe-lon, rosée blanche
19 Tsin-feu, division de l’automne
20 Stan-lon, rosée froide
21 Choang-kiang, la brume tombe
22 Li-tong, commencement de l’hiver
23 Siao-sue, petite neige
24 Ta-sue, grande neige

Le mois lunaire chinois se divise en trois semaines de 9 ou 10 jours. Le 1er, le 11ème et le 21ème jour ont un nom spécial; les autres se comptent par le chiffre correspondant. Le jour commence à minuit et se divise en douze parties ou heures. Chacune de ces douze heures comprend deux parties qui se distinguent nominalement par l’addition de kjao ou tssching au nom principal.

Ainsi la première heure s’appelant Tscheu, ses deux parties s’appelleront : Tscheu-Kjao et Tscheu-Tssching.

Les douze parties s’appellent les Schi. Le Schi, douzième partie du jour, équivalant à deux de nos heures, vaut 8 ko, c’est-à-dire 8 quarts d’heure; le ko se subdivise en 15 parties correspondant à nos minutes.

Pour les ères, les Chinois comptent tantôt à partir du 10 Mars 2697 avant Jésus-Christ, tantôt à partir du 6 Mars 2637 av. J.-C., et quelquefois aussi du 23 Février 2397.

Les Japonais datent du 18 février 660 av. J.-C.

Ces deux peuples se servent du cycle de 60 ans, dans lequel chaque année avait un nom particulier.

Les Japonais ont encore l’ère Nino, qui commence à l’arrivée au trône de Siu-mun-tem-ve, le 25 février 60 av. J.-C., l’ancienne ère civile datant du fameux Phra-Ruang, le Salomon siamois, 658 av. J.-C., et l’ère actuelle qui date de la fondation de Bangkok, en 1782.

Ces trois ères se décomposent en cycles de 60 ans et en cycles de 12 ans.

Les jours du cycle de 60 ans ont tous des noms formés par des combinaisons de dix et douze mots qui sont des noms de mois et d’années. Il ne semble pas utile de reproduire ici cette longue énumération.
Les Chinois avaient donné aux douze signes du zodiaque les noms suivants :

1 Zi (rat)
2 Chou (boeuf)
3 Yin ( tigre)
4 Mao (lièvre, lapin)
5 Chen (dragon)
6 Si (serpent)
7 Wu (cheval)
8 Wei (mouton)
9 Shen (singe)
10 You (coq)
11 Xu (chien)
12 Hai (cochon)

Ce système, une fois implanté chez le peuple immobile du Céleste Empire, y demeura le calendrier du peuple ignorant.

Mais depuis très longtemps les sages de la Chine étaient arrivés à l’année de 365 jours et même de 365 jours 1/4.

Dès 2697 avant Jésus-Christ, l’année précisément qui marque le début d’une ère chinoise, l’empereur Houang-Di, après des observations minutieuses, décréta qu’il convenait de mesurer le temps par des années de 365 jours I/4, mais en recommandant à n’en rien dire au peuple superstitieux et craintif.

Au commencement du 12è siècle avant notre ère, les savants chinois étaient habitués à observer avec précision le retour des solstices à l’aide des ombres mesurées par le gnomon.

Et ils faisaient à cette époque une suppression de jours analogue à celle que fit subir Grégoire XIII au calendrier vingt-cinq siècles après eux.

Mais le système compliqué dont on vient de donner une idée resta en usage dans le peuple jusqu’à notre époque.

Le Japon s’en est libéré en adoptant, en 1873, le calendrier grégorien. Après avoir proclamé la république, la Chine a fait de même en 1912.

Alors que la population de la République de Chine utilise le calendrier Grégorien pour leurs besoins civils, le calendrier chinois est utilisé pour déterminer les festivals. Différentes communautés chinoises de part le monde utilisent aussi ce calendrier.

Les débuts du calendrier chinois peuvent être évaluer au alentour du 14ème siècle avant J-C. La légende veut que l’empereur Huangdi invente le calendrier en 2697 avant J-C.

Le calendrier chinois est basé sur des observations astronomiques abouties de la longitude du soleil et des phases de la lune. Cela signifie que les principes de la science moderne étaient connus et ont eu un impact sur le calendrier chinois.

A quoi ressemble le calendrier chinois ?

Le calendrier chinois, comme l’Hébreu est une combinaison du calendrier Solaire/Lunaire dans lequel on s’efforce de faire coïncider les années avec l’année tropique et les mois avec les mois synodiques. Cela n’est pas une surprise que quelques petites similarités existent entre les calendriers chinois et Hébreu.

Une année ordinaire a 12 mois, une année bissextile en a 13.
Une année ordinaire fait 353, 354 ou 355 jours, une année bissextile en fait 384 ou 385.

Quand on détermine à quoi ressemble l’année chinoise, on fait beaucoup appel à des méthodes astronomiques de calcul des nombres :

Premièrement, on détermine la date de la nouvelle lune. Ici, une nouvelle lune est une lune complètement Noire (c’est lorsque la lune est en conjonction avec le soleil) et non pas le premier croissant visible utilisé par les calendriers Islamique et Hébreu. La date de la nouvelle lune est le 1er jour de la nouvelle lune.
Deuxièmement, on détermine la date à laquelle la longitude du soleil est un multiple de 30 degrés. (La longitude du soleil est de 0 à l’équinoxe de printemps, 90 au solstice d’hiver, 180 à l’équinoxe d’automne et 270 au solstice d’hiver).Ces dates sont appelées « termes principaux » et sont utilisées pour déterminer le numéro de chaque mois :

Terme Principal 1 arrive lorsque la longitude du soleil est de 330 degrés.
Terme Principal 2 arrive lorsque la longitude du soleil est de 0 degré.
Terme Principal 3 arrive lorsque la longitude du soleil est de 30 degrés, etc…
Terme Principal 11 arrive lorsque la longitude du soleil est de 270 degrés.
Terme Principal 12 arrive lorsque la longitude du soleil est de 300 degrés.

Chaque mois porte le numéro du Terme Principal qui arrive dans ce mois.

Dans de rares cas, un mois contient deux Termes Principal. Dans ces cas, le numéro de mois suivant est décalé en de manière appropriée. Par exemple, si un mois contient le Terme Principal 1 et 2, la numérotation du premier mois est égale à 1 et le second à 2. Le Terme Principal 11 (solstice d’hiver) tombe toujours le 11ème mois.

Tous les calculs astronomiques sont basés sur le méridien se trouvant 120 degrés à l’Est du méridien de Greenwich. Ceci correspond grossièrement à la côte est de la Chine.

Quelques variations de ces règles existent au sein de différentes communautés chinoises.

Quelles sont les années bissextiles ?

Les années bissextiles possèdent 13 mois. Pour déterminer si une année est bissextile ou non, il faut calculer le nombre des nouvelles lunes entre le 11ème mois d’une année( celui du solstice d’hiver) et le 11ème mois de l’année suivante. S’il y a 13 lunes pleines entre ces deux mois, une année bissextile doit être insérée.

Au sein des années bissextiles, au moins un mois ne doit pas contenir de Terme Principal. Un tel mois est le mois bissextile. Il porte le même numéro que le moi précédant avec pour particularité qu’il est le mois bissextile.

Comment dénombre-t-on les années ?

A l’inverse de beaucoup d’autres calendriers, le calendrier chinois ne compte pas les années. Le calendrier chinois ne décompte pas les années en une séquence sans fin. Chaque année est nommée et se répète en séquence tous les 60 ans.
(Historiquement, Les années sont utilisées pour décompter le temps écoulé depuis l’ascension d’un empereur, mais ce système a été aboli après la révolution de 1911.)

A l’intérieur de chaque cycle de 60 ans, chaque année se voit assigné un nom constitué de deux composantes :

La première est une « Tige Céleste » :

1. Jia 6 Ji
2 Yi 7 Geng
3 Bing 8 Xin
4 Ding 9 Ren
5 Wu 10 Gui

La seconde composante est une « Branche Terrestre » :

1 Zi (rat)
2 Chou (boeuf)
3 Yin (tigre)
4 Mao (lièvre, lapin)
5 Chen (dragon)
6 Si (serpent)
7 Wu (cheval)
8 Wei (mouton)
9 Shen (singe)
10 You (coq)
11 Xu (chien)
12 Hai (cochon)
 
Les traductions françaises sont données entre parenthèses.
 
Chacune des deux composantes est utilisée séquentiellement. Ainsi, la 1ère année du cycle de 60 ans commence à Jia-Zi, la seconde est Yi-Chou, la 3ème Bing-Yin,etc. Lorsqu’on atteint la fin de la liste d’un composant, on recommence depuis le début de cette liste. La 10ème année est Gui-You, la 11ème Jia-Xu, la 12ème Yi-Hai et la 13ème Bing-Zi. Finalement, la 60ème année devient Gui-Hai.Cette manière de nommer les années remonte approximativement à 2 000 ans. Une méthode similaire de nommage des jours et des mois est tombée en désuétude, mais le nom de la date est encore listé dans les calendriers. Le cycle de 60 ans a été couramment dénombré à partir de l’an 1637 avant J-C (BC) lorsque le calendrier est supposé avoir été inventé. A cette date commença le premier cycle de 60 ans.
 
Quelle est l’année courante dans le calendrier chinois ?
Le cycle de 60 ans actuel a débuté le 2 février 1984 (Jia-Zi). Cette date porte le nom de Bing-Yin dans le cycle de 60 jours et le 1er mois de cette année porte le nom de Gui-Chou dans le cycle de 60 mois. Cela signifie que l’année Jia Chen (la 41ème année du 79ème cycle) commence le 10 février 2024.
 
 Tableau du cycle de 60 ans (cliquez sur l’image) :
 
 
 

Source : « La Question du Calendrier » par Chauve-Bertrand, édit. la renaissance du livre, 1920.