Histoire de la Chine Traditionnelle

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I – La préhistoire, la dynastie Xia et la dynastie Shang-Yin
II- La dynastie Zhou, la dynastie Qin, la dynastie Han et les barbares (1122 – 589 après J.C.)
III – La dynastie Sui, la dynastie Tang, la dynastie Song, la dynastie Yuan et la dynastie Ming
IV – La dérive vers des mains étrangères

II- La dynastie Zhou, la dynastie Qin, la dynastie Han et les barbares (1122 – 589 après J.C.)

La dynastie Zhou : (1122 – 221 avant J.C.)

La capitale Zhou connu sous le nom de Hao, était situé à proximité de Changan (aujourd’hui Xian), qui allait devenir le siège du pouvoir impérial sous de nombreuses dynasties. Les Zhou possédaient un autre centre de pouvoir proche de la ville actuelle de Luoyang, dans le Henan, d’où ils gouvernaient les Shang qu’ils avaient assujettis. Leur structure sociale fut semble-t-il, profondément influencée par celle des Shang, dont ils avaient hérité les pratiques divinatoires et le culte des ancêtres. En règle générale, les historiens divisent l’époque Zhou en deux périodes ; celle des Zhou occidentaux (1221 – 771 av. J.C.) et celle des Zhou orientaux (770 – 221 av.J.C.).

Les Zhou occidentaux : Les Zhou, originaires de la Chine de l’Ouest, disséminés à travers la Grande Plaine, ne dédaignèrent pas les territoires situés sur leur flanc ouest où des populations, plus proches du néolithique, continuaient à vivre de chasse et de pêche. Les légendes rapportent les merveilles et les dangers fabuleux dont leur imagination et rend ces pays encore sauvages : ainsi le conte des « Quatre loups blancs et des quatre cerfs blancs », ou bien celui de la « Mère, reine de l’Occident », déesse des épidémies commandant aux démons de la peste. Ils soulignent l’intérêt mêlé de crainte que les sédentaires portaient à ces contrées dont dépendait la quiétude du monde civilisé. L’économie de ces régions évoluait et c’est précisément dans les territoires occidentaux de l’Asie que se développa, aux environs du premier millénaire avant notre ère, la monte du cheval qui allait bouleverser la tactique militaire tant barbare que chinoise et rendre encore plus menaçantes les attaques barbares. Ces barbares représentaient un danger bien réel, à la fois extérieur et intérieur, car leur appui favorisa le coup de main des grands seigneurs qui, en 771 avant J.C., déposèrent et tuèrent le roi Yeou, dernier des Zhou installé dans l’ouest chinois. L’importance du bouleversement apparait d’autant plus grande que les récentes fouilles ont davantage mis en évidence la prospérité et la richesse des cités de l’époque. Si les habitations n’avaient guère changé dans leur conception générale depuis les Shang-Yin, elles étaient en revanche couvertes de toits de tuiles dont l’emploi semble alors s’être instauré et rapidement répandu. On connaissait aussi l’usage du puits à eau que les Zhou innovèrent en Extrême-Orient.

Les Zhou orientaux : En quittant la vallée de la Wei, le roi Zhou croyait peut-être se réfugier en terre amie, dans la Grande Plaine où prospérait les descendants des compagnons d’armes de ses ancêtres et la lointaine progéniture de ses aïeux. Mais il trouva en face de lui une multitude de seigneurs jaloux de leur autonomie et qui n’invoquaient leurs liens avec les Zhou que pour mieux tenir en mains le peuple. Les cousins se partageaient le bassin inférieur du fleuve jaune où grandissaient ces multiples cellules qui tendaient à l’autonomie. Mais, l’âge de bronze touchait à sa fin et avec lui les craintes secrètes des civilisations qui voient disparaître leurs sources d’énergie. Au VIème siècle avant notre ère, une large exploitation du procédé de la fonte du fer allait permettre en même temps qu’une multiplication de l’armement et des outils de qualité, bien des bouleversements matériels ou sociaux.

La traditionnelle subdivision de leur règne entre période des Printemps et Automnes (722-481 avant J.C.) et période des Royaumes combattants (453-221 avant J.C.) ne correspond pas à une logique historique. Elle fait davantage référence aux périodes que couvrent deux ouvrages historiques du même nom et contemporains de cette époque, qui furent à la base du système éducatif classique jusqu’à la chute des Qing en 1912. Les Annales des Printemps et Automnes sont généralement attribuées à Confucius (551-479 avant J.C.), un érudit qui erra de royaume en royaume à la recherche du gouvernant capable d’appliquer ses conceptions de l’État idéal. Le confucianisme ne fut pas le seul courant de pensée important a émerger pendant le règne des Zhou orientaux. C’est également pendant cette période que Laozi (Lao Tseu) écrivit son Dao De Jing (Le Livre de la Voie et de la Vertu) le texte fondateur du taoïsme. Bien d’autres idéologies se développèrent sous les Zhou orientaux (les Chinois font d’ailleurs fréquemment allusion aux « Cent Écoles »). Toutefois, le taoïsme et le confucianisme sont les deux courants qui marquèrent le plus profondément la pensée chinoise, le premier par son caractère pragmatique et social, le second par son coté plus personnel et mystique.

Le mandat du Ciel : La période Zhou fut cruciale. En tout premier lieu, la notion de « mandat du Ciel », selon laquelle le Ciel confie la charge de gouverner aux dirigeants sages et vertueux et la retire à ceux qui sont mauvais et corrompus. Ce concept fut par la suite élargi afin d’intégrer la théorie taoïste selon laquelle les désastres naturels sont l’expression de la désapprobation du Ciel à l’encontre des mauvais gouvernants. Dans le même ordre d’idées, le Ciel est censé exprimer son mécontentement à l’égard des dirigeants corrompus par la rébellion et le retrait du soutien des gouvernés. On fit référence à ce propos de, « droit à la rébellion », concept embarrassant dans la mesure ou ce droit ne pouvait être confirmé que par, le succès. Néanmoins, les manifestations de la volonté du Ciel sous forme de rébellion constituaient un ingrédient essentiel du cycle des dynasties chinoises, à la différence du Japon où l’autorité de la famille impériale dérive d’une seule lignée qui, selon la légende, remonte à la déesse du Soleil.

La dynastie Qin : (221 – 206 avant J.C.)

Le fragile pouvoir dont jouissaient les Zhou prit fin au IIIème siècle avant J.C., lorsque l’Etat de Qin réussit pour la première fois à unifier la Chine. L’État de Qin accrut son pouvoir au cours des Vème et IVème siècles av. J.C. En 246 avant J.C., il conquit le Sichuan actuel et fit de même avec les autres royaumes qui se trouvaient sur son chemin. En 221 avant J.C., le royaume de Qin l’ayant emporté sur tous les autres, Qin Shihuang prit le parti de réunir ses conquêtes au sein d’un seul et même empire. Il s’attribua alors le titre de huangdi, « empereur ». La dynastie Qin légua à la Chine un système administratif fortement centralisé et imposa une division du territoire en provinces, gérées par des fonctionnaires nommés par le pouvoir central. Les poids et les mesures furent également normalisés, ainsi que la langue écrite. Enfin, on entreprit la construction de la Grande Muraille, qui fut essentiellement l’œuvre de conscrits, dont on ignore combien périrent pendant les travaux. L’héritier de Qin Shihuang sur le trône impérial se révéla incompétent. Secouée par la rébellion, la capitale Qin, proche de l’actuelle Xian tomba aux mains d’une armée d’insurgés en 207 avant J.C. Leur chef, Liu Bang, prit le titre d’empereur et fonda la dynastie Han.

La dynastie Han : (206 – 220 après J.C.)

Les Han profitèrent des acquis et du travail des Qin ; ils gardèrent la structure de l’Etat et le système administratif mis en place : les fonctionnaires furent pratiquement tous des lettrés confucéens. Un système des Examens permettait de contrôler et de former les candidats dans la doctrine officielle. Remanié plusieurs fois, le système demeurera cependant une constante du recrutement administratif. Les postes furent parfois achetés ou donnés aux fils de familles ; subsistait la possibilité, plus ou moins réelles suivant les époques, de parvenir à des grades, même élevés, de la hiérarchie, par les étapes successives des examens locaux, provinciaux et nationaux. Le programme d’étude sera toujours fondé sur la connaissance exhaustive des livres Classiques : morale, histoire, littérature, poésie, langue. La stagnation des sciences et techniques ainsi que de l’art de l’administration bloquera peu à peu l’évolution du corps des « mandarins », une appellation aujourd’hui désuète. Ils ne surent empêcher l’affaiblissement de la décentralisation du pouvoir qui se solda par l’abdication du dernier empereur Han en 220 et le début de quatre siècles de troubles.

Les barbares :

L’expansion des Han fit entrer les Chinois en contact avec les « barbares » qui environnaient leur territoire. Il en découla des conflits militaires et des retombées commerciales. Au nord, les Xiongnu (nom donné à diverses tribu nomades d’Asie centrale) représentaient la menace la plus sérieuse pour la Chine. Les premières expéditions militaires lancées contre elles furent un succès. Elles donnèrent aux chinois accès à l’Asie centrale, en leur ouvrant la route qui leur permit de faire parvenir leurs soies jusqu’à Rome. Selon les historiens chinois, cette période correspond aux règnes des dynasties Wei, Jin, des dynasties du Nord et du Sud. En réalité, dix-neuf royaumes et bastions rivalisèrent pour se maintenir au pouvoir entre 316 et 439. Au début, le pays se divisait en trois grands royaumes : celui des Wei qui s’étendait peu ou prou sur toute la région au nord du Chang Jiang (Yangzi Jiang, ancien Yang-Tse-Kiang ou fleuve Bleu), tandis qu’au sud celui des Wu occupait l’est et celui des Shu l’ouest (le terme de Shu sert encore a désigner la province du Sichuan). Les Wei (220-265) demeurèrent au pouvoir un peu plus de quarante ans. Les Jin occidentaux (265-316) ne firent guère mieux. En 316, leur capitale, Luoyang, tomba aux mains des cavaliers Xiongnu. Il en résulta un siècle et demi d’effusions de sang. Au Vème siècle, le nord fut divisé entre Wei orientaux et Wei occidentaux. En 577, les Wei occidentaux défirent les Wei orientaux et, en 581, l’un de leurs généraux s’empara du pouvoir et fonda la dynastie Sui. En 589, les Sui avaient pris le contrôle du sud de la Chine et le pays se retrouva unifié sous une seule autorité.

Chapitre III – La dynastie Sui, la dynastie Tang, la dynastie Song, la dynastie Yuan et la dynastie Ming